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25 mars 2011 5 25 /03 /mars /2011 15:08

 

 
Soldats hostiles et fidèles de Saleh s'affrontent au Yémen (Reuters)
 
Des heurts entre militaires hostiles et fidèles au président Ali Abdallah Saleh se sont produits jeudi dans le sud-est du pays, à la veille d'une grande manifestation contre le chef de l'Etat yéménite au pouvoir à Sanaa depuis trente deux ans.
 

Un colonel, dont on ignore de quel côté il se trouvait, a été blessé lors de cet affrontement, qui a eu lieu à Moukalla, une ville de la province l'Hadramaout, sur la mer d'Oman, a déclaré un responsable local.

 
Des unités de l'armée et des éléments de la garde présidentielle, commandée par le propre fils de Saleh, Ahmed, s'étaient déjà affrontées cette semaine à Moukalla, faisant un mort dans chaque camp.
 
Plusieurs généraux, dont certains appartiennent à la tribu du président, ont joint leur voix aux manifestants réclamant le départ immédiat de Saleh depuis la tuerie qui a fait plus de cinquante morts vendredi, lorsque des tireurs embusqués ont ouvert le feu sur la foule des protestataires à Sanaa.
 
Parmi les transfuges de poids figurent, outre des ministres, chefs tribaux et diplomates importants, le général Ali Mohsen, considéré comme le second personnage du pays, auxquels les puissants services secrets seraient acquis.
 
En butte à des manifestants qui campent devant l'université de Sanaa depuis six semaines pour réclamer son départ immédiat, Saleh a fait tout une série de concessions.
Il a notamment proposé mardi de quitter le pouvoir dès la fin de cette année.
 
Cette ultime concession a été rejetée aussitôt par les opposants, qui s'inspirent ouvertement des révolutionnaires de Tunisie et d'Egypte, qui ont eu raison au bout de quelques semaines de Zine ben Ali et d'Hosni Moubarak, au pouvoir respectivement depuis vingt trois et trente ans.
 
SALEH PROMET UN TRANSFERT PACIFIQUE DU POUVOIR
 
Dans un communiqué diffusé jeudi par Al Djazira, Ali Abdallah Saleh s'est engagé à transférer le pouvoir "pacifiquement via les institutions constitutionnelles" et il a annoncé une amnistie générale pour les militaires ayant rejoint les rangs de l'opposition.
 
Les pays occidentaux, dont le Yémen est un allié clé dans la lutte contre Al Qaïda, et l'Arabie saoudite s'inquiètent du vide de pouvoir à Sanaa en cas de départ de Saleh, jugé désormais inéluctable par beaucoup.
 
"Nous avons eu une bonne relation de travail avec le président Saleh. Il a été un allié important dans le domaine du contre-terrorisme", a déclaré mercredi le secrétaire américain à la Défense Robert Gates, avouant dans la foulée: "Nous n'avons aucun plan pour l'après-Saleh."
 
Le général Mohsen, qui a déclaré ne pas être intéressé par le pouvoir, a toutefois souligné que le rôle de l'armée restait de travailler avec la communauté internationale pour tenir le Yémen à l'écart du terrorisme.
 
La chaîne de télévision panarabe Al Djazira a fait état jeudi de nouveaux signes de délitement du régime. Ainsi dans le Nord du pays, où sévit une rébellion chiite, les gouverneurs des provinces Djouf et Saada, nommés par Saleh, auraient à leur tour tourné casaque.
 
"RETARDER L'ACTE DE DÉCÈS DU RÉGIME"
 
Des tractations seraient encore en cours entre des groupes de la 'société civile' et le pouvoir. Regroupés sous le nom de "Bloc civil", ceux-ci proposeraient la formation d'un conseil transitoire de neuf personnalités "non impliquées dans la corruption de l'ancien régime", le temps de préparer des élections dans les six mois.
 
Mais cette proposition a le défaut, aux yeux des révolutionnaires de Sanaa, de ne pas toucher aux prérogatives de Saleh, arrivé au pouvoir en 1978 au Nord-Yémen avant de devenir en 1990 le président du pays réunifié.
 
Les principaux mouvements d'opposition se disent désormais las des concessions au compte-gouttes de Saleh, qui avaient débuté en février avec son engagement de ne pas se représenter en 2013, au terme de son mandat actuel.
 
"Ces tractations ne visent qu'à retarder l'acte de décès du régime", a estimé Mohamed al Sabri, porte-parole de la coordination de l'opposition.
 
Pour l'International Crisis Group, "le courant politique s'est retourné décisivement contre le président Ali Abdallah Saleh". "Ses choix sont limités: il peut s'opposer à sa propre armée, ou négocier un transfert rapide et digne de pouvoir."
 
Ses opposants ont appelé à une "journée du départ" vendredi, qui pourrait attirer des centaines de milliers de protestataires dans les rues. Dès jeudi, il étaient une dizaine de milliers à Sanaa à scander "Fiche le camp, fiche le camp, agent américain!"
 
Pour Moshen, qui exclut une prise de pouvoir par l'armée, le président Saleh a un choix très limité.
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