Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
13 août 2017 7 13 /08 /août /2017 17:07

 

 

L EXTREME GAUCHE FRANCAISE ET LE VENEZUELA

 

Vincent Presumey écrivait récemment un long message relatif à l’actuelle situation politique vénézuélienne.

Vous trouverez ci-dessous la troisième et la dernière partie de son message relatif aux positions des principales organisations de l’extrême gauche française par rapport au Venezuela.

Le message de Vincent Presumey est disponible en totalité si vous consultez son blog Mediapart à l’adresse ci-dessous.

 

Bernard Fischer

 

https://blogs.mediapart.fr/vincent-presumey/blog/070817/propos-du-venezuela

 

Leçons françaises sur le Venezuela

 

Par Vincent Presumey

 

Lundi 7 Août 2017

 

Le gouvernement français a réagi très modérément aux récents événements vénézuéliens. Manifestement, les puissances impérialistes attendent de voir ce qui va se passer. Washington souhaite une transition mettant au pouvoir ses représentants directs, soit par une élimination de Nicolas Maduro, soit par une négociation, mais Washington craint les affrontements politiques et sociaux que la crise peut ouvrir. Nous ne sommes décidément pas au Chili en 1973 comme le répète la moutonnerie officielle de gauche ou, à présent, populiste, mais les prolétaires et les syndicalistes indépendants sont les cibles désignés tant des nervis de Nicolas Maduro que de ceux de la Mesa de la Unidad Democratica (MUD).

Le Parti Socialiste, quant à lui, appelle à un accord entre Nicolas Maduro et la MUD qu’une médiation internationale neutre pourrait imposer selon lui.

Le problème principal, à gauche et dans le mouvement ouvrier, est l’absence de mobilisation en défense du peuple vénézuélien et donc contre Nicolas Maduro. Se répète l’expérience accablante et tragique de l’Ukraine et surtout de la Syrie.

Le Parti Communiste Français (PCF) dans l’Humanité a pris des positions particulièrement caricaturales qui ne dénotent pas, d’ailleurs, ses intérêts propres en tant que parti, mais sans doute le lobbying efficace de la diplomatie parallèle.

Du côté du Mouvement de la France Insoumise (MFI), tout le monde a entendu le silence assourdissant de Jean Luc Mélenchon. Ce silence laisse parler un Adrien Quatennens ou un Alexis Corbière qui répètent les éléments de langage convenus, « complexité de la situation, soutien au processus bolivarien et refus de l’ingérence », et qui soutiennent donc le pouvoir en place à Caracas.

Mais Jean Luc Mélenchon se tait et ce n’est pas parce qu’il aurait des états d’âme démocratiques. Sa dernière expression publique sur le Venezuela remonte en effet à l’automne dernier, dans une vidéo d’entretiens avec Chantal Mouffe, idéologue du populisme. Il y expliquait qu’Hugo Chavez n’était pas allé jusqu’au bout de la construction du peuple. Hugo Chavez au Venezuela et Rafael Correa en Équateur ont bel et bien, selon lui, sorti les pauvres de la misère, mais ceux-ci, faute d’une révolution culturelle, une fois devenus des classes moyennes, ne pensent qu’à la consommation ostentatoire. Le prolétariat vénézuélien, réduit aux pillages pour prendre de quoi manger dans les centres commerciaux, serait content d’entendre cela.

Le fait que ni le MFI, ni, par ailleurs, Podemos, bien que les possibilités de débat interne y soient incomparablement plus larges, ne portent la moindre parcelle de renaissance de l’internationalisme, est particulièrement mis en exergue par le test vénézuélien. L’autre leçon politique majeure est que le populisme n’est pas la solution au problème des vieux partis de gauche. Il fait partie du problème et l’aggrave en combattant pour interdire sa solution qui serait des partis démocratiques s’orientant de ce fait vers la révolution, en affrontant à nouveau la question du pouvoir et celle de la véritable solidarité internationale. Du pire stalinisme d’autrefois au MFI, il n’y a aucune rupture. Le populisme n’est pas le renouveau, il est la conclusion.

Dans ce contexte général où, pour le reste, Lutte Ouvrière n’a fait qu’un communiqué dénonçant l’opposition et les États-Unis, le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) a été silencieux ces derniers jours puis il a repris les déclarations de Marea Socialista, donc du chavisme critique de gauche, le Parti Ouvrier Indépendant (POI) a pour mot d’ordre exclusif « non à l’ingérence impérialiste » et le Parti Ouvrier Indépendant Démocratique (POID) ne se différencie pas de lui sur ce point, découvrant même dans l’Humanité une participation massive à la fausse constituante, la prise de position d’Ensemble tranche.

En soi le communiqué d’Ensemble n’est pas forcément renversant, mais il procède d’un certain bon sens qui n’était plus très habituel, « bafouer les libertés démocratiques est incompatible avec les valeurs de la gauche ».

Que n’avait pas fait Ensemble. Article dans l’Humanité et déchaînement dans la blogosphère et sur les réseaux sociaux, caniches de l’impérialisme, offensive interne et externe contre ce communiqué, voilà les néo-staliniens et les populistes réconciliés contre l’infâme démocratie.

L’ampleur de ces réactions, dont plusieurs soulignent que la cause du crime est un internationalisme qui doit céder une fois pour toute la place à la géopolitique, est complètement disproportionnée par rapport à la portée de ce communiqué en tant que tel et à l’influence de cette organisation. Elle doit nous alarmer. Ensemble est la première organisation à avoir explicitement discuté la question de la dissolution dans le MFI et à l’avoir repoussée.

Pouvoir produire un tel communiqué, quels que soient par ailleurs les critiques que l’on peut faire sur l’orientation, ou plutôt sur l’absence d’orientation, d’Ensemble, est à soi seul la justification de l’organisation politique indépendante sous forme pluraliste de courants. Contre Nicolas Maduro, contre la MUD, contre l’impérialisme, contre le capital, contre l’état, contre le populisme, contre Emmanuel Macron, c’est cela, et seulement cela, qui est porteur d’avenir.

Partager cet article
Repost0

commentaires